Boucs émissaires

Macronistes et républicains ont formé une coalition brinquebalante sous la conduite d'un vieux briscard de la politique qui ne traîne pas de casserole. Pour Emmanuel Macron, c'est un montage qui permet de jouer la montre en s'assurant la bienveillance d'une des deux chambres du Parlement, de négocier un cessez-le-feu provisoire avec l'extrême-droite pour neutraliser l'autre chambre et trouver des compromis a minima afin d'envisager une fin de mandat à peu près paisible.

Dans l'équation, quelques points gênants : c'est Marine Le Pen qui demeure l'arbitre de l'Assemblée Nationale et maîtrise les horloges, c'est Wauquiez qui revient dans la course pour 2027 et concurrence Attal sur son terrain et surtout, c'est Macron qui reste sur la touche et inaugure les chrysanthèmes.

Mais la machine libérale peut continuer de tourner.

Il y a aussi un caillou dans la chaussure de Macron : le déficit budgétaire endémique du pays qui alimente une dette abyssale.

La France est la risée des pays qui comptent, et montrée du doigt par ceux qui devraient pouvoir compter sur elle.

La faute à qui ?

Pour Macron et consorts, pas celle à Bruno Lemaire ni aux politiques menées depuis 2017. Pourtant, par idéologie mortifère, on a passé son temps depuis 7 ans à arroser le sable en subventionnant des entreprises qui ont pris l'habitude de prendre l'Etat pour une vache à lait, et en distribuant des chèques au bas peuple dès lors qu'une esquisse de mouvement de révolte montrait le bout de son nez...

Et tout ça sans horizon visible ni vision claire de la société.

Rien d'étonnant à ce que la population se tourne vers les extrêmes qui incarnent la radicalité alternative au pouvoir.

Alors, il faut trouver des boucs émissaires.

Va pour les fonctionnaires qui incarnent les dépenses de l'Etat (ce que les chiffres démentent) qui paieront dans le budget 2025 la plus grosse partie du tour de vis indispensable pour calmer l'Europe et les marchés.

Pour eux, les fonctionnaires, la baisse drastique du pouvoir d'achat par le gel des salaires et des dispositifs (GIPA notamment) qui permettaient de maintenir un revenu décent aux plus mal payés. Pour eux, l'instauration des 3 jours de carence quant ils ont l'indécence d'être malades. Pour eux, la détérioration de leurs conditions de travail par la baisse des recrutements. Pour eux enfin l'opprobre médiatique en les faisant passer pour des nantis, alors que la plupart des salariés du secteur privé bénéficient de bien meilleures conditions de protection et de rémunération...

Le 5 décembre, pour ceux qui y croient encore, ils descendront dans la rue pour bien montrer qu'ils ne sont pas dupes.