3 janvier 2015
Paix et sécurité à Gaza
Deux hauts responsables de l'ONU ont souligné vendredi devant les membres du Conseil de sécurité que les hôpitaux à Gaza étaient devenus des champs de bataille alors que leur protection est primordiale en temps de guerre.
Cette réunion d’urgence du Conseil sur l’effondrement du système de santé dans l’enclave palestinienne ravagée par la guerre depuis octobre 2023 a été convoquée par l’Algérie, qui occupe la Présidence tournante du Conseil de sécurité ce mois de janvier.
« La protection des hôpitaux pendant la guerre est primordiale et doit être respectée par toutes les parties, à tout moment », a souligné le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, lors d’un exposé par liaison vidéo, notant qu’« une catastrophe des droits de l’homme continue de se dérouler à Gaza sous les yeux du monde ».
Son bureau, le HCDH a récemment publié un rapport qui documente les attaques contre les hôpitaux, ainsi que les meurtres de patients, de personnel et d’autres civils.
M. Türk a noté que les attaques commencent par des frappes aériennes israéliennes, suivies de raids terrestres, de la détention de certains patients et membres du personnel, d’expulsions forcées et du retrait des troupes, laissant l’hôpital essentiellement non fonctionnel.
Pendant ce temps, le Hamas et d’autres groupes armés continuent de lancer des attaques sporadiques et indiscriminées contre Israël, et d’exposer les civils et les infrastructures civiles, y compris les établissements de santé, aux attaques, en opérant parmi eux, ce qui est totalement inacceptable, a souligné le haut responsable onusien.
Des conséquences dévastatrices
Le chef des droits de l’homme de l’ONU a déclaré que la destruction des hôpitaux à Gaza va au-delà de la privation des Palestiniens de leur droit à accéder à des soins de santé adéquats. Ces installations offrent également un refuge aux personnes qui n’ont nulle part où aller.
Selon lui, la destruction de l’hôpital Kamal Adwan vendredi dernier – le dernier hôpital en activité dans le nord de Gaza – reflète le schéma des attaques documentées.
« Certains membres du personnel et patients ont été expulsés de l’hôpital tandis que d’autres, dont le directeur général, ont été détenus, et de nombreux rapports ont fait état de torture et de mauvais traitements », a-t-il dit.
Il a signalé qu’à travers Gaza, les opérations militaires israéliennes dans et autour des hôpitaux ont eu un impact terrible précisément à un moment où la demande de soins de santé est massive.
« Elles ont été particulièrement dévastatrices pour certains civils palestiniens. Six bébés seraient morts d’hypothermie rien qu'au cours des derniers jours », a-t-il relevé.
« Les hôpitaux sont devenus des champs de bataille »
Le Dr Rik Peeperkorn, Représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la Cisjordanie et Gaza, a également insisté sur la gravité de la crise sanitaire à Gaza, où 7 % de la population a été tuée ou blessée depuis octobre 2023.
« L’année 2025 commence sur une note sombre et profondément inquiétante alors que les combats continuent de s’intensifier », a-t-il déclaré, soulignant que plus de 25 % des plus de 105.000 civils blessés sont confrontés à des conditions de vie qui changent leur vie.
Le Dr Peeperkorn a averti que les évacuations médicales critiques restent extrêmement lentes, avec plus de 12.000 personnes qui attendent toujours d’être soignées à l’étranger. « Au rythme actuel, il faudrait cinq à dix ans pour évacuer tous ces patients gravement malades », a-t-il noté.
L’OMS a vérifié 654 attaques contre des établissements de santé, entraînant des centaines de morts et de blessés. « Mais contre toute attente, les professionnels de santé, l’OMS et les partenaires ont maintenu les services autant que possible », a-t-il souligné.
Le Dr Peeperkorn a appelé à une augmentation de l’aide, à des évacuations accélérées et au respect du droit international humanitaire, concluant sa déclaration par un appel à un cessez-le-feu urgent.
La Palestine souligne le courage du personnel médical
Riyad Mansour, Observateur permanent de l’État de Palestine, s’exprime lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la Palestine.
Lors de la réunion du Conseil, Riyad Mansour, l’Observateur permanent de l’État de Palestine, a condamné les actions d’Israël à Gaza, les qualifiant de « crimes de guerre flagrants » et de « génocide ».
Il a souligné le courage du personnel médical palestinien sous le feu des attaques : « Les médecins et le personnel médical palestiniens se battent pour sauver des vies humaines et en perdent eux-mêmes. »
« Nous leur devons plus qu'un hommage », a-t-il ajouté, affirmant que « la communauté internationale n’a pas été en mesure d’égaler ne serait-ce qu’une partie de leur courage et de leur dévouement à l’humanité ».
Il a exprimé le sentiment d’abandon du peuple palestinien, soulignant son courage et sa résilience face à des obstacles insurmontables. « Nous avons le devoir de sauver des vies. Ce Conseil a l’obligation de sauver des vies », a-t-il conclu.
Israël dénonce l’utilisation des hôpitaux à des fins terroristes
Brett Jonathan Miller, Représentant permanent adjoint d'Israël, s'exprime lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient.
L’ambassadeur permanent adjoint d’Israël, Brett Johnathan Miller, a déclaré pour sa part que si les hôpitaux sont censés être des sanctuaires de soins et de compassion, « le Hamas les a transformés en outils de terrorisme, exploitant leur caractère sacré pour protéger ses objectifs meurtriers et faire la guerre aux civils ».
« Il ne s’agit pas d’une tactique isolée ou d’un acte de désespoir », a-t-il poursuivi. « Il s’agit d’une stratégie délibérée et systématique – une pierre angulaire de la doctrine opérationnelle du Hamas, de son modus operandi ».
M. Miller a évoqué la situation à l’hôpital Kamal Adwan dans le nord de Gaza, où le Hamas « a transformé un établissement de soins en un centre de commandement du terrorisme ».
Il a ajouté que le directeur de l'hôpital faisait partie des personnes appréhendées car il est soupçonné d'être un membre du Hamas et fait actuellement l'objet d'une enquête des forces de sécurité israéliennes.