
Choix difficile et risqué en ce 16 janvier 2025. Pas mathématiquement, car le Rassemblement National ayant fait savoir qu'il ne voterait pas la censure, le vote des députés socialistes ne pourrait en aucun cas faire basculer le scrutin en faveur de la censure.
Mais, en rompant la solidarité de vote au sein du Nouveau Front Populaire, le PS va en subir de nombreuses conséquences, avec la perspectives d'élections locales où les candidatures socialistes se verront systématiquement concurrencer par des listes LFI.
Les prochaines élections municipales ont lieu normalement en mars 2026. Dans un peu plus d'un an, de nombreuses mairies socialistes seront donc dans le collimateur de la France Insoumise. D'ici là, le paysage politique national connaîtra de nombreuses échéances imprévisibles; à commencer par le vote du budget 2025.
Le Parti Socialiste s'est mis dans une position très inconfortable en acceptant de négocier avec le gouvernement. Mais avait-il vraiment le choix ?
Refuser la main tendue par François Bayrou aurait été à l'encontre de l'identité d'un Parti qui a toujours affirmé sa culture de gouvernement.
Il se trouve que Bayrou n'avait de son côté aucune alternative autre que de trouver un compromis acceptable à sa droite (mais l'expérience Barnier a montré que ce n'était pas fiable) ou à sa gauche (qui d'autre que le PS ?), sans fracturer pour autant sa coalition...
Les concessions faite au Parti d'Olivier Faure sont donc importantes, à la limite de ce pouvaient supporter les Républicains qui suspendent au-dessus de la tête de François Bayrou une épée de Damoclès constituée essentiellement du dossier retraites.
La voie choisie collectivement par les Socialistes est pavée d'embûches et le fil de l'accord est fragile. Il peut d'ailleurs être remis en cause au fil des débats budgétaires à venir.
En revanche, le pacte reliant les formations composant le NFP semble définitivement rompu. La stratégie du rapport de forces décrite par le Grand Gourou Jean-Luc Mélenchon qui visait à déclencher des élections présidentielles anticipées et/ou un soulèvement populaire semble avoir du plomb dans l'aile.
Est-ce que le choix du PS renforcera collectivement la gauche ? Si cela est le cas, c'est d'abord lui-même qui sortira grandi de cet épisode. Car les socialistes n'ont plus le choix. En se débarrassant de la béquille insoumise, il va falloir qu'ils puissent marcher seuls. Il faudra qu'ils puissent démontrer (comme dans les années 70) que ce sont eux qui peuvent drainer les plus forts bataillons d'électeurs de la gauche.
La bataille est donc culturelle entre une approche réformiste de la politique et une approche révolutionnaire.
Un grand classique que je connais bien pour la vivre depuis un demi-siècle dans le milieu syndical...
