Rappelez-vous : octobre 2018. Un mouvement social émerge en France. Il sera symbolisé par 2 marqueurs visibles : le rond-point et le gilet jaune. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ?
2018-2024 : 6 ans après...
"Interception", l'émission dominicale de France Inter nous le rappelait ce matin : nous fêtons le 6ème anniversaire de l'émergence d'un mouvement revendicatif qui allait ébranler le pouvoir macroniste, celui des gilets jaunes.
Un petit rappel d'abord. En octobre 2018, des manifestations informelles s'organisent un peu partout en France pour protester conter la hausse annoncée des taxes sur les carburants. La France des sous-préfectures est particulièrement à l'initiative de ces mouvements protestataires naissants.
A partir du 17 novembre, la contestation s'organise, propagée par les réseaux sociaux. Dans le milieu rural et péri-urbain d'abord, on voit émerger des blocages de routes et de ronds-points, avec des campements occupés par des personnes peu habituées aux manifestations de rue.
Ce mouvement sera rapidement appelé "gilets jaunes" en raison du vêtement de sécurité réfléchissant que les manifestants arborent. Il va s'étendre aux préfectures et aux Métropoles avec les rituelles manifestations du samedi.
Et la contestation va s'installer dans la durée en élargissant les revendications, avec des participations variables, des tentatives de récupérations, des reculs gouvernementaux qui ne calment rien, et enfin des radicalisations qui vont conduire à un effritement de la mobilisation.
2 tournants importants vont marquer l'histoire de ce mouvement :
1) Dès le 1er décembre, des manifestants vandalisent l'Arc de Triomphe de Paris, discréditant une partie essentielle du mouvement et initiant ainsi son effritement programmé.
2) Le 10 décembre 2018, la dramatisation de la situation trouve un débouché législatif et structurel en proposant des mesures sur le pouvoir d'achat et l'organisation d'un Grand Débat qui commencera à voir le jour avant la fin de l'année.
Le mouvement ne cesse pas, mais s'essouffle, restant une menace pour le pouvoir jusqu'au mois de mars 2019, avant de s'éteindre totalement avec la nmenace de la COVID19 et le confinement.
C'est dans cette période que des cahiers de doléances vont être ouverts partout dans le pays. Conservés par les Mairies, ces précieux documents témoignent du mal-être des Français, dans ce que les sociologues vont appeler les zones périphériques.
Ce sont ces cahiers qui étaient l'objet du magazine "Interception" ce matin. Comme d'habitude, l'émission était passionnante.
Des volontés s'expriment aujourd'hui pour recenser, rassembler et éditer ces cahiers de doléances qui témoignent tous d'un bout de notre histoire. L'originalité des expressions, parfois la dureté ou la poésie des témoignages en disent plus long que des sondages.
D'autant que l'actualité des revendications demeure. Celles-ci se sont exprimées lors du mouvement contre la réforme des retraites. On peut également percevoir leur impact à travers des résultats des dernières élections.
Le rejet de la société telle qu'elle fonctionne, le besoin de radicalité et la distance envers l'offre politique traditionnelle sont des héritages perceptibles du mouvement des gilets jaunes.