La politique carcérale en France n'est pas un vrai objet de débats : face à une opinion publique remontée au moindre fait divers, il faut punir ! Et pour punir, il faut emprisonner. Et peu importent les conditions de détention...

Pour celui qui est déjà entré dans une prison au contact des détenus, le sentiment est sensiblement différent. La première fois, passé le moment de curiosité, puis de surprise, c'est l'indignation qui prend le dessus. Dans une maison d'arrêt, c'est ensuite la honte qui nous envahit. La saleté, la vermine et la promiscuité sont partout. Les détenus expliquent la difficulté à vivre ensemble entassés, avec des co-détenus qui peuvent devenir des menaces et des conditions d'hygiène insupportables.
Ils expliquent les rats et les cafards dans les cellules, les toilettes sans intimité, les douches au compte-goutte, les promenades trop courtes, l'attente des parloirs et le bruit omniprésent avec les cris, les coups et les musiques des autres qu'on ne supporte plus. Ils parlent de leurs propres dérives calmées à coup de cachets, les délires paranoïaques des autres et les somnifères pour trouver le sommeil.
En France, les maisons d'arrêts sont remplies en moyenne à 130 % et ce chiffre peut atteindre 300 % outre-mer. 3000 détenus au moins dorment sur un matelas posé par terre.
La France compte 20 000 détenus de plus que notre voisin allemand. Et pourtant, l'Allemagne héberge 20 millions d'habitants de plus que nous. Cherchez l'erreur !
Non pas qu'il y a plus de délits en France qu'en Allemagne ou qu'ils revêtent chez nous un plus grand caractère de gravité. Mais la conception de la peine et de la réparation fait qu'en Allemagne on recherche par pragmatisme d'abord des alternatives à l'enfermement. Par pragmatisme, mais aussi par économie, car un détenu coûte aussi cher que le salaire d'un gardien (en France, ce coût est évalué à envirion 110 € par jour), alors qu'un bracelet électronique coûte 10 fois moins cher.
Et les Allemands luttent vraiment contre la récidive, alors que notre obsession de l'enfermement conduit au contraire à mélanger les profils de détenus. La prison devient alors une véritable école du crime.
Quand on ajoute les centaines de postes de surveillants vacants, un suivi psychiatrique des détenus indigent, la préparation des sorties quasi inexistante, on se demande si la prison est la meilleure des solutions pour punir nos délinquants et criminels.
D'ailleurs, à chaque fois fois qu'on construit de nouvelles places de prison, elles deviennent tout de suite insuffisantes.
Il faut saluer le remarquable travail d'un service qui limite les dérives d'un système carcéral au bord de l'explosion, le "Contrôleur des lieux de privation de Liberté". Ses rapports sont publics, accessibles facilements sur Internet. A lire sans modération...
