DÉCINES-CHARPIEU
La Région veut lâcher le lycée musulman Al-Kindi : « Plus un euro versé à cet établissement »
À la suite de l’audition de la direction du lycée musulman de Décines-Charpieu, en présence des collectivités territoriales, le président de la Région Fabrice Pannekoucke a annoncé vouloir cesser le versement des subventions à l’établissement, ce qui dépendra de la décision de la préfecture.
La direction du lycée privé musulman Al-Kindi a été reçue en commission ce jeudi 12 décembre pour se défendre à la suite d’un rapport d’inspection menaçant son contrat d’association avec l’État, et donc la pérennité financière du groupe scolaire.
La réunion, en présence de la préfète Fabienne Buccio et des représentants des collectivités a accouché d’un bel exemple d’effet Rashõmon : ce phénomène où le compte rendu d’un évènement varie d’un acteur à l’autre, alors que tout le monde se trouvait dans la pièce.
Selon la direction de ce lycée situé à Décines-Charpieu, « les échanges se sont très bien déroulés ».
Cinq heures de réunion au cours desquelles les représentants du groupe scolaire ont mis en avant « les mesures correctrices importantes » réalisées à la suite du rapport d’inspection. Celui-ci pointait, entre autres, la présence de livres prônant le djihad à la bibliothèque, d’un code vestimentaire jugé discriminant pour les femmes, et de propos polémiques d’un enseignant sur YouTube. Les livres ont été retirés, l’enseignant mis à pied, le règlement sur les tenues modifié.
La direction a rappelé son souhait de « maintenir les contrats d’association avec l’État ». Selon elle, « la majorité des représentants des collectivités territoriales a partagé ce point de vue devant la commission de concertation ».
La majorité, mais pas tous : Catherine Sarron, en charge des dispositifs éducatifs pour la Région Auvergne-Rhône-Alpes, s’est nettement positionnée durant la réunion pour que « l’État retire son agrément à cet établissement qui bafoue les valeurs de la République ». « Aucune ambiguïté, dire que les échanges se sont bien déroulés est un mensonge éhonté », appuie une source au sein de la collectivité. Le président LR de la Région Fabrice Pannekoucke en a remis une couche ce vendredi 13 décembre, au cours d’un point presse : « On ne peut pas tolérer sur le sol français des établissements reconnus et soutenus dès lors qu’ils sont dans une apologie de l’islamisme. La conséquence, évidemment, c’est qu’il ne peut plus y avoir le premier euro de la Région en soutien à cet établissement. »
Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de subventions régionales en cas de maintien du partenariat avec l’État : la collectivité est « soumise à certains nombres d’obligations pour les établissements sous contrat », reconnaît l’un de ses représentants. 128 000 euros ont été versés en 2024, et 121 000 en 2023. « Mais on emploiera tous les moyens juridiques pour y mettre fin », ajoute cette source.
• Décision en janvier
Reste le point de vue de la préfète de région, Fabienne Buccio, quant à la poursuite du contrat d’association. Pas de commentaire sur la teneur des échanges ce 12 décembre. « On a reçu la direction, ils ont pu faire valoir leurs arguments », dit la préfecture. La décision tombera «courant janvier».
Article du Progrès – Samedi 14 décembre 2024
