Donneur de leçons

Sur quoi se base le discours de JD Vance. Pour la voix de son maître, la Constitution des Etats-Unis est le modèle indépassable des libertés fondamentales, avec pour premier principe la liberté d'expression.

Pas sûr que, si nous faisions la comparaison entre nos 2 démocraties, les Etats-Unis sortiraient grandis de l'étude. Plusieurs exemple : existe-t-il aux USA des journaux comparables aux journaux satitiques comme Charlie Hebdo ou Le Canard Enchaîné ? Existe-t-il en Europe, pour obtenir un visa d'entrée sur le territoire, un questionnaire indiquant l'interdiction de professer certaines idées politiques ?...

Sans parler du soutien manifesté par l'actuel Président des Etats-Unis pour ceux qui ont porté l'assaut contre le symbole de la Démocratie américaine un jour de janvier 2021...

Peu importe. Mais le fait de se laisser donner des leçons de démocratie sur notre propre sol devrait heurter tous les européens.

En Allemagne, les réactions ont été rapides et vives.

En France, il est difficile d'imaginer aujourd'hui une volonté de rupture avec ceux qu'on considère encore comme nos alliés.

Rappelons la teneur du discours de Vance :

« Pour l'Europe, la menace qui m'inquiète le plus n'est pas la Russie, ni la Chine […]. Ce qui m'inquiète, c'est la menace de l'intérieur, le recul de l'Europe par rapport à certaines de ses valeurs les plus fondamentales »

Pour justifier son propos, J.D. Vance a évoqué l'annulation du premier tour de la présidentielle en Roumanie par la Cour constitutionnelle, la condamnation d'un activiste chrétien ayant brûlé un coran en Suède, des descentes de police contre des citoyens soupçonnés de commentaires misogynes en Allemagne et une amende visant un ancien militaire s'opposant à l'avortement en Grande-Bretagne.

« Un ancien commissaire européen s'est réjoui que le gouvernement roumain vienne d'annuler l'intégralité d'une élection. Il a averti que si les choses ne se passaient pas comme prévu, la même chose pourrait se produire en Allemagne. Ces déclarations sont choquantes pour des oreilles américaines », a-t-il déclaré.

La raison avancée, une interférence russe via les réseaux sociaux, l'a laissé sceptique. « Si votre démocratie peut être détruite par quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique payée par un pays étranger, c'est qu'elle n'était pas très forte au départ », a jugé le responsable républicain.

Puis J.D. Vance a mis en garde les Européens : « il n'y a pas de sécurité si l'on a peur de l'opinion de ses propres citoyens » et « si c'est le cas, alors l'Amérique ne peut rien faire pour l'Allemagne ou l'Europe ». L'élu de l'Ohio a martelé que l'administration de Donald Trump « se battra » pour défendre la liberté d'expression : « À Washington, il y a un nouveau shérif en ville ».

Pour le dirigeant républicain, il y a un sujet clé sur lequel les pays européens n'écoutent pas leurs concitoyens, c'est l'immigration de masse. « Je crois qu'il n'y a rien de plus urgent », a-t-il estimé. « Aujourd'hui, près d'une personne sur cinq vivant dans ce pays est venue de l'étranger. C'est un record absolu ».

J.D. Vance a expliqué que le nombre d'immigrants arrivés dans l'UE en provenance de pays extérieurs avait doublé entre 2021 et 2022 et encore augmenté depuis. « Cette situation n'est pas venue de nulle part. Elle est le résultat d'une série de décisions prises par des hommes politiques de tout le continent et d'autres pays en l'espace d'une décennie », a-t-il expliqué.

Nous y voilà : le grand frére américain, qui a depuis longtemps colonisé culturellement le Vieux Continent, ne supporte pas que d'autres cultures qui contestent la pertinence du modèle consumériste occidental, viennent le concurrencer sur son pré carré.

Pour un peuple né des migrations, le paradoxe est évident, et il nourrit le rêve des extrêmes-droites qui prennent tous les jours un peu plus d'assurance en Europe.

"Le ventre est toujours fécond d'où a surgi la bête immonde".