L'Irlande est la meilleure équipe de rugby de l'hémisphère nord depuis une demi-douzaine d'années. Dans son projet de jeu, sa cohérence, sa régularité, sa rugosité, il en émane une force collective impressionnante, et l'équipe de France a souvent succombé ces dernières années à ces diables verts qui représentent un peu plus qu'un pays.
Car l'équipe d'Irlande, c'est l'équipe de la République d'Irlande élargie au pays de l'Irlande du Nord, qui participe au Royaume-Uni.
Le sentiment d'appartenance à l'Irlande dépasse donc ses frontières politiques et cela rejaillit sur le jeu de son équipe de rugby.
C'est sur cette fierté que les Irlandais ont commencé le match d'hier contre les Français et failli prendre un avantage qui aurait changé le déroulement de la partie.
Les Irlandais, qui entament une phase de renouvellement de leurs joueurs, se savaient intrinsèquement inférieurs aux Français par leurs qualités individuelles, d'autant qu'ils avaient perdu leur meilleur joueur, James Lowe, sur blessure juste avant le coup d'envoi. Ils ont donc entamé le match pied au plancher, pariant sur le fait de prendre un avantage psychologique du fait de leur énergie.
Les Français ont résisté, comme ils savent le faire dans les moments héroïques de leur histoire quand la confiance les habitent. Même la blessure de leur capitaine et leader Antoine Dupont à la 29ème minute, alors qu'ils avaient commencé à inverser le cours du match et qu'ils menaient 5 à 0, ne les a pas perturbés.
Un petit doute, vite dissipé, est quand même apparu à l'entrée de Maxime Lucu, seul remplaçant des lignes arrières, en raison de la stratégie risquée de Fabien Galthié de composer un banc à 7 avants... jusqu'à l'essai de Paul Boudehant à la 47ème minute qui concrétisait la supériorité d'une équipe talentueuse, disciplinée et courageuse qui avait mis la main sur le ballon.
5 essais, de la maîtrise, du rythme et même du spectacle ont fat plier les Irlandais et éteint l'ambiance de l'Aviva Stadium, la réaction d'orgueil des Irlandais en fin de match n'étant plus susceptible d'inverser le résultat.
De quoi effacer la déception de la défaite face à nos éternels rivaux anglais il y a tout juste un mois.
Pour gagner le Tournoi, les Français devront désormais battre les Ecossais au Stade de France dans une semaine, peut-être même sans avoir besoin de marquer 4 essais synonymes de bonus offensif.