Otage

La France n'est plus gouvernée. Elle n'est plus gouvernée parce qu'elle n'est plus gouvernable. Le Président de la République s'en doutait à partir du moment où il a eu confirmation du résultat des élections européennes.

La cristallisation du corps électoral en 3 camps équivalents et totalement incompatibles a conduit Emmanuel Macron à faire le constat suivant : aucune minorité de gouvernement ne pourra échapper à l'hostilité des 2 autres. Dès lors; il va s'agir de faire bouger des lignes et de gagner du temps en espérant que ce soit le camp libéral qui absorbe une partie de l'un ou l'autre camp. Avec un atout : le choix de l'un ou l'autre bout de l'omelette.

1er essai : faire appel à l'intelligence des français en dissolvant l'Assemblée Nationale. Manque de chance, c'est son camp qui rétrécit drastiquement au profit des 2 autres, même si, au 2ème tour, les Français confirment qu'ils ne veulent pas que le bout de droite mange totalement les 2 autres bouts.

2ème essai : attacher solidement le bout du milieu au bout de droite. Mauvaise pioche : c'est le début de la prise d'otage du camp macroniste par l'extrême-droite. Marine Le Pen maîtrise désormais le calendrier et le contenu des décisions politiques sans avoir à se compromettre au pouvoir. C'est tout bénéfice pour elle !

Sauf que le mécanisme d'adoption des budgets (celui de l'Etat et celui de la Sécurté Sociale) impose à chacun de se positionner avant la fin de l'année civile. C'est déjà 3 mois de gagnés pour Emmanuel dans le calendrier qu'il s'est donné, mais qu'il ne maîtrise plus. Car, dans le scénario qu'il a choisi, il y a des panneaux "Stop".

Comme si, dans cette prise d'otage, il existait 2 ultimatums distincts : la date du vote du budget (avant la fin de l'année) et la date anniversaire de la dissolution (le 9 juin).

Le "bouger des lignes" doit intervenir avant le 2ème ultimatum, date à laquelle le Président espère pouvoir rebattre les cartes. Après le vote annoncé de la motion de censure, au rythme où les non-décisions se prennent, c'est l'extrême-droite qui aura encore l'initiative pour gagner un peu de terrain électoral lui permettant d'envisager la victoire. Sauf si le Peuple commence à se mêler de ce qui le regarde...