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Il paraît que ce sont les vainqueurs qui écrivent l'Histoire. Ils sont donc les gardiens d'une Mémoire qui évolue peu. Mais parfois, il arrive que la mémoire reste vivante pour des groupes d'individus qui, a priori, font partie de la catégorie des victimes. Quand les mémoires s'entrechoquent, elles ne disent pas alors la même chose.
Je m'occupe de deux ascendants frappés par la maladie d'Alzheimer. Cela m'a amené à m'intéresser de près à tout ce qui touche à la mémoire.
Il se trouve que le champ politique est très impacté par la mémoire : guerre d'Algérie, collaboration et résistance, Shoah, colonisation, guerres napoléoniennes, Révolution française... beaucoup d'évènements historiques ont des répercutions sur la vie politique actuelle. Notre Histoire est ponctuée de réalités sujettes à analyses et interprétations qui ont de fortes répercutions sur les mentalités collectives aujourd'hui.
Le passé est piégé et le vocabulaire aussi. Le seul fait d'avoir écrit la "guerre d'Algérie", et non pas les "évènements d'Algérie" ou la "guerre d'indépendance d'Algérie" trahit le fait que je cherche à me placer sur un point d'équilibre entre plusieurs mémoires, ce que je sais ne pas être vraiment possible.
El la mémoire elle-même est incertaine et imprécise. Chacun sait que notre cerveau recrée en permanence les réalités perçues sous des influences multiples liées à son vécu, son éducation, sa culture, son inconscient...
Les affaires de mémoire sont complexes.
A ce propos, l'un de mes films préférés est "Se souvenir des belles choses", le formidable film de Zabou Breitman sorti en 2002, où Isabelle Carré et Bernard Campan incarnent 2 patients avec des problématiques de mémoire divergentes.
La vérité historique également est complexe. Même si les faits semblent objectifs, le choix de ceux-ci pour les garder en mémoire, leur contextualisation, leur mise en perspective les rend de toute façon sujet à interprétation.
La passé impacte le présent, tout comme le présent modifie la compréhension du passé.
Les conflits mémoriels ne peuvent être rejetés d'un revers de main. Certains le font pourtant volontiers, au nom d'une identité fantasmée et d'une Histoire recréée de toutes pièces.
Je reviendrai un jour sur ce que je pense des amnésiques de l'Histoire ou, pire, des falsificateurs et des manipulateurs des mémoires. Utiliser une histoire recréée pour influencer la politique de demain est le crime le plus ignoble contre son propre peuple.
mémoire histoire guerre politique révisonnisme
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